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Entretien avec Vincent Perriard – ORIGYN

Vincent Perriard est un entrepreneur dans l’âme et haut en couleur, un visionnaire avec un parcours impressionnant. Après avoir été animateur et créateur radio, il a travaillé dans plusieurs[...]

Vidéo : Julien Humbert-Droz; Interview : Galina Dzhunova
24 juin 2021

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Vincent Perriard est un entrepreneur dans l’âme et haut en couleur, un visionnaire avec un parcours impressionnant. Après avoir été animateur et créateur radio, il a travaillé dans plusieurs agences de communication à Genève et New York ce qui l’a inspiré pour créer sa propre agence de communication à Paris. Puis, il a occupé plusieurs positions dirigeantes au sein de grandes sociétés horlogères (Audemars Piguet, Hamilton à New York, Concord, TechnoMarine et HYT). Il s’attaque désormais à la contrefaçon des produits de luxe avec ORIGYN dont l’objectif est de révolutionner la lutte contre la contrefaçon. Un entretien passionnant avec un entrepreneur passionné… d’horlogerie.

Que développe la fondation ORIGYN ?

Le domaine de l’horlogerie est confronté depuis des années à la problématique de la contrefaçon.
En 2020, le marché secondaire (de la 2ème main) a dépassé le marché primaire. Or, aujourd’hui, lorsqu’une montre de luxe se revend sur internet, la seule preuve de son authenticité est un certificat papier ou une carte avec un QR code. ORIGYN permettra via une application pour smartphone de déterminer l’authenticité d’un produit de luxe. Dès la production de la montre, grâce à un programme basé sur des technologies décentralisées, l’apprentissage automatique (machine learning) et l’intelligence artificielle, une sorte de certification numérique sera créé. Il suffira ensuite de prendre une photo de la montre via l’application smartphone pour savoir si elle est originale. Chaque objet aura ainsi son propre clone digital (digital twin), une identification numérique impossible à répliquer. L’application sera gratuite et disponible pour tous. Des applications à d’autres secteurs d’activités que l’horlogerie sont également en cours de développement pour l’art, la peinture ou encore les médias via les déclinaisons de la fondation ORIGYN :ORIGYN Luxury, ORIGYN Art et ORIGYN Digital Media.

Comment cela se passe concrètement pour l’horlogerie ?

Nous sommes en train de mettre en place deux systèmes d’authentification des produits qui n’utilisent pas les mêmes technologies, ni le même développement. L’un consiste à identifier le produit au moment de sa fabrication via une photo HD et la création de son clone numérique. La montre est ensuite vendue avec son clone numérique. Le deuxième système d’authentification concerne les produits de luxe qui sont déjà sur le marché. Des accords importants ont été signés nous donnant l’accès exclusif à toutes les bases de données des images des salons Baselworld et Watches&Wonders (anciennement SIHH). Cela représente environ 60’000 images de montres collectées depuis 1963. Cette collection permettra d’affiner l’ensemble des technologies intelligentes que nous utilisons pour identifier et authentifier les montres. Quand vous scannerez une montre, le système sera capable de vous donner la probabilité de son authenticité. L’algorithme pourrait vous dire « attention, votre montre est à priori fausse ». Notre objectif n’est pas seulement de proposer une technologie d’authentification, mais de créer un standard, une forme de garantie et d’assurance. On espère pouvoir lancer notre application au premier trimestre de 2022.

Comment les marques de luxe accueillent votre projet ?

En janvier dernier, nous avons démontré l’efficacité de notre application à plusieurs marques de luxe. Pour ces dernières, si notre projet marche, cela signifie la fin du commerce de contrefaçon.
De plus, un tel système présente des applications et des opportunités énormes en termes de perspectives commerciales et marketing. Les marques horlogères auront la traçabilité d’un produit depuis le jour de sa naissance et tout au long de sa vie. Le produit va potentiellement changer de propriétaires et la marque horlogère n’aura pas forcément le droit de connaître leurs identités. Par contre, elle saura que la montre avec le numéro 18 a été vendue 6 fois, qu’elle est restée en Suisse, etc. En motivant le nouveau propriétaire à laisser ses informations personnelles, en lui offrant par exemple un service supplémentaire ou une remise sur le prochain achat, une relation directe entre la marque et le client peut se créer. Les marques trouvent ça absolument exceptionnel.

Sur quel modèle technologique est basé ORIGYN ?

ORIGYN est une fondation à but non lucratif qui utilise une technologie des blockchains appelée DFINITY, une fondation qui vient de lancer son réseau public et a été co-fondée par Gian Bochsler, l’un des trois co-fondateurs d’ORIGYN.
ORIGYN a besoin d’énormes bases de données d’images et de la technologie DFINITY pour fonctionner. Ce n’est pas juste une information décentralisée, mais des millions d’ordinateurs qui ensemble forment un super ordinateur. ORIGYN est ainsi la première plateforme d’authentification à s’appuyer sur la technologie DFINITY.

Comment imaginez-vous ORIGYN dans 5-10 ans ?

En tant qu’entrepreneur, on réplique exactement ce que DFINITY fait. L’objectif est de devenir un standard que les gens utilisent. Dès lors que notre standard sera accepté, on rentrera dans l’économie du jeton numérique (token). Tout le monde pourra alors acheter nos tokens. Et lorsqu’il sera utilisé par les 5-10 plus grandes marques horlogères, le service deviendra alors très attractif et la valeur des tokens augmentera. La valeur actuelle est donc entrepreneuriale. Au niveau des prochaines étapes, nous sommes prêts à être enregistrés sur Coinlist et notre premier test économique aura lieu au premier trimestre 2022.

Pourquoi avoir choisi le Canton de Neuchâtel pour vous installer et vous développer ?

C’était un choix naturel, moi-même et mon associé étant neuchâtelois et aimant fondamentalement Neuchâtel. Et l’horlogerie est à Neuchâtel.

Sur quels aspects le canton pourrait-il encore travailler afin d’améliorer son attractivité pour les entreprises ?

C’est un vaste sujet. Sur la partie économique, mon regard est plutôt positif et optimiste sur ce que le canton réalise et fait pour l’attractivité des sociétés. Par contre, l’aspect touristique de Neuchâtel pourrait être amélioré. Pour moi, des villes comme Neuchâtel et la Chaux de Fonds sont synonymes de temps, du temps qui passe, de l’horlogerie. C’est un patrimoine de 400-450 ans et on devrait vraiment avoir ici un endroit, un musée de très haut niveau ou un objet iconique où on parle du temps et que les visiteurs du monde entier auront envie de visiter.

 

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