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Dr. Reinhard Völkel – CEO de SUSS MicroOptics

Présente dans le canton depuis plus de 20 ans, la société SUSS MicroOptics est un acteur majeur dans l’industrie photonique et micro-optique. Interview avec son CEO, Dr. Reinhard[...]

Galina Dzhunova et Victoria Barras
13 juillet 2020

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Présente dans le canton depuis plus de 20 ans, la société SUSS MicroOptics est un acteur majeur dans l’industrie photonique et micro-optique.

Interview avec son CEO, Dr. Reinhard Völkel

Comment s’est développé votre entreprise dans le canton ?

Après mon doctorat en micro-optique en Allemagne, je suis arrivé à Neuchâtel en 1994 pour un post-doctorat à l’IMT (Institut de Microtechnique) autrefois situé à l’université de Neuchâtel et qui a depuis été intégré à l’EPFL Neuchâtel.
En 1999, nous avons créé une spin-off de l’IMT grâce à l’investissement de l’entreprise allemande Suss MicroTec.
En 2012, nous nous sommes installés à Innoparc, où nous avons investi cinq millions dans un nouveau site de production. Aujourd’hui, nous employons 120 collaborateurs.
Notre chiffre d’affaires est passé de 16 millions de CHF en 2018 à 26 millions en 2019, générés grâce à un portfolio de plus de 180 clients dans le monde.
Cette année, nous sommes en train de construire un nouveau site de production dans le bâtiment Innoparc IV, à la rue de la Pierre-à-Mazel 39. Ce sera notre seconde salle blanche de 800m2.

En 2017, nous sommes entrés sur le marché de l’éclairage automobile. Le reste de notre activité est consacré au couplage de fibres, la télécommunication et les semi-conducteurs. 10% de notre activité est consacré au secteur médical, par exemple des endoscopes et des disques Nipkow qui sont utilisés dans les microscopes confocaux pour l’analyse optique des tissus médicaux.

Comment avez-vous vécu la période de la COVID-19 ?

La crise Covid-19 aura d’importantes répercussions sur les activités de notre entreprise (recettes, cash-flow etc) en 2020.
Notre principal client Valeo (BMW), qui représente 45 % de notre chiffre d’affaires annuel total en 2019, a été contraint d’arrêter sa production pendant deux mois. Nous avons eu recours aux Réductions d’Heures de Travail (RHT) pour 50% de notre personnel. La construction de la nouvelle salle blanche (Innoparc IV) a été retardée de deux mois car notre fournisseur localisé en Italie ne parvenait pas à nous livrer le matériel nécessaire. Heureusement, nous n’avons pas eu de personnes malades.
Nous avons rapidement mis en place toutes les mesures sanitaires et incité nos collaborateurs.trices à faire du télétravail.
Durant cette période de crise sanitaire, nous avons eu de nombreuses commandes de microlentilles utilisées pour les connexions à base de fibre optique dans les centres de données.

Comment vivez-vous l’innovation au sein de votre entreprise ?

L’innovation pour nous est très importante. Nous avons de très bonnes relations avec l’EPFL, le CSEM et les centres de recherche en Suisse.
D’ailleurs avec le CSEM, nous avons remporté un grand projet européen PHABULOuS avec 20 partenaires et un financement de 15 millions d’euros. Nous accueillerons la nouvelle ligne pilote européenne qui permettra de fournir une technologie de fabrication hautement avancée et robuste pour les microstructures optiques de forme libre à Neuchâtel.

Nous travaillons sur des lampes frontales (Micro-Optics Headlamp Lucid) pour les voitures. Une lampe normale est composée de pratiquement 200 pièces. Avec notre technologie, les lampes ont la taille d’un paquet de cigarettes, elles sont toutes petites. C’est un plus pour les voitures électriques, car en réduisant la taille d’une pièce, nous participons directement à la réduction du poids de la voiture. Actuellement, nous avons quinze prototypes dans le domaine de l’éclairage automobile (nouvelles lampes et tapis de lumière). En fait, 49% de notre activité est dédiée à ce marché, notamment grâce au lancement d’une nouvelle ligne de production de Wafer-Level Optics (permettent la conception et la fabrication d’optiques miniaturisées). Le tapis de lumière est une innovation hyper visible, qui rend le véhicule exclusif lorsqu’il en est doté, comme chez BMW. En effet, aujourd’hui, les voitures, peu importe la marque, se ressemblent beaucoup en termes de sécurité et aérodynamisme.

Sur nos produits standards, comme par exemple les microlentilles que nous produisons depuis 20 ans, nous continuons la recherche afin de pouvoir améliorer leur efficacité.

Comment imaginez-vous votre entreprise dans 5-10 ans ?

Je pense que nous sommes très bien placés sur le marché de l’éclairage automobile. Notre business de base se développe bien aussi. Nous espérons continuer cette croissance.

Sur quels aspects le canton pourrait-il encore travailler afin d’améliorer son attractivité pour les entreprises ?

J’ai bien réfléchi à cette question. J’aime vivre à Neuchâtel. C’est un endroit magnifique et calme avec une nature protégée qui se situe à 1h30 de Genève et 2h30 de Londres.
Dans mon esprit, le canton de Neuchâtel pourrait proposer une « Côte d’or » neuchâteloise, comme la Goldküste à Zurich, un endroit haut de gamme avec une vue sur le lac et les Alpes pour attirer les familles aisées, qui pour la plupart vivent dans les cantons voisins à l’heure actuelle.

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