Esther Mveng – SCE Expert Consultants

   Comment vous est venue l'idée de devenir ingénieure ? Je suis née au Cameroun. J'ai toujours aimé l'aéronautique et l'aérospatiale depuis l'âge de cinq ans. Je rêvais de tout[...]


8 octobre 2019

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Comment vous est venue l’idée de devenir ingénieure ?

Je suis née au Cameroun. J’ai toujours aimé l’aéronautique et l’aérospatiale depuis l’âge de cinq ans. Je rêvais de tout ce qui volait. Je voulais être pilote, astronaute ou ingénieure. Comme je suis maintenant ingénieure, je sais comment construire des navettes spatiales, et les faire tester.

Comment avez-vous découvert la Suisse et Neuchâtel ?

J’ai découvert la Suisse par ma famille il y a une quinzaine d’années, qui y vit (Lausanne, Zoug, Zurich). Elle m’a encouragé à considérer la Suisse comme un marché où je pouvais apporter de la plus-value, car j’ai des compétences en aéronautique et en certification qui sont très spécifiques et particulièrement adaptées à un tissu industriel, comme celui de Neuchâtel.

Où voyez-vous des opportunités d’expansion à Neuchâtel ?

Je vois beaucoup d’entreprises qui sont spécialisées dans la biotechnologie, les MedTech, avec des procédés très précis. Une entreprise comme Comelec à La-Chaux-de-Fonds réalise des revêtements spéciaux (parylène) et l’usinage est désormais certifié EN9100 aéronautique. Je vois donc une expansion possible dans des secteurs spécifiques avec des compétences très exigeantes, non seulement dans l’Union européenne, mais aussi en Amérique.

Est-il facile de créer une entreprise en Suisse ?

Les formalités administratives ne sont pas un problème. Par contre, il faut avoir un réseau. Je suis venue ici tout seule, je ne connaissais personne, je devais m’intégrer. J’ai dû faire beaucoup de réseautage. Je crois que si vous n’êtes pas tenace et si vous n’avez pas vraiment de patience, non seulement pour vous établir, mais aussi pour donner le temps à votre entreprise de se développer, vous pourriez être très découragé. Le service de l’économie a fait une différence pour moi, surtout Jean-Luc Bochatay et Ana Pinto. Ils ont fait de ma vie un rêve quand je suis arrivée ici. Ils m’ont aidé à m’intégrer et à réseauter. Ils m’ont aussi montré les beautés du canton que je ne connaissais pas du tout. La culture n’était pas un problème. Je parle français, j’ai beaucoup voyagé, parcouru le monde et j’ai l’habitude d’être culturellement intégrée.

Qu’est-ce qui est culturellement différent ?

Aux États-Unis et au Canada, l’esprit d’entreprise, c’est simplement « hé, tu as une idée, alors faisons-le ». Il n’y a aucun sentiment là-dedans. Si ça ne marche pas, on passe à autre chose. En Suisse, par contre, il est très difficile de briser la glace. La culture suisse est très carrée et structurée. Et cela peut manquer d’innovation. Quand on vient avec des idées disruptives, les gens sont souvent méfiants ; le but n’est pas d’aller vite, mais sûrement. Mais une fois que la confiance est là, alors, tout fonctionne à merveille.

Qu’amélioreriez-vous dans l’écosystème neuchâtelois ?

L’ouverture à réinventer et à transformer complètement. Je crois que beaucoup d’entreprises sont axées sur les produits. Je crois qu’elles doivent être plus centrées sur le client. Cela exige un énorme changement d’état d’esprit. Il y a aussi une façon établie de faire les choses. La plupart du temps, les gens sont réticents à changer. Aux États-Unis, j’aime vraiment la vitesse du changement. J’ai remarqué que beaucoup de savoir-faire ne sont pas documentés, ce qui constitue un risque, lorsque les gens prennent leur retraite par exemple.

Que pensez-vous de la qualité de vie dans la région ?

Tout est petit et proche. Il y a de l’honnêteté et de l’intégrité chez les gens. Cela peut prendre un certain temps, mais vous pouvez leur faire confiance une fois qu’ils se sont ouverts. C’est très rassurant.

 

Vidéo : Julien Humbert-Droz

Interview : Victoria Barras

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