#canton de Neuchâtel#exportations#international#tissu économique

Commerce extérieur de la Suisse : une nouvelle méthode de calcul

Jean-Marie Grether est professeur d’économie internationale à l’Université de Neuchâtel depuis 2000. Il a été doyen de la Faculté des sciences économiques de 2009 à 2011 puis de 2013 à[...]

Victoria Barras
2 septembre 2020

Articles en lien

Jean-Marie Grether est professeur d’économie internationale à l’Université de Neuchâtel depuis 2000. Il a été doyen de la Faculté des sciences économiques de 2009 à 2011 puis de 2013 à 2015. Il est vice-recteur de l’Université depuis janvier 2017. Il a enseigné en Europe, au Mexique et en Argentine. Il a obtenu son doctorat à l’Université de Genève en 1995. Ses domaines de recherches sont la politique commerciale (économie politique, impacts sur la compétitivité), la migration internationale, les inégalités, le développement ainsi que l’environnement.

Jusqu’aux données 2019, les statistiques cantonales étaient produites selon le numéro postal (NPA) transmis par l’entreprise dans la déclaration en douane. La méthode a évolué. Interview avec Jean-Marie Grether pour mieux la comprendre ainsi que ses impacts.

La méthode de calcul du commerce extérieur de la Suisse, ventilé par Canton a été modifiée. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?

Jusqu’aux données 2019, les statistiques cantonales étaient produites selon le numéro postal (NPA) transmis par l’entreprise dans la déclaration en douane. Sur la base du NPA de l’expéditeur et du destinataire, les exportations et importations étaient ensuite ventilées par canton.
Afin de produire des données plus fiables, une nouvelle méthode tient désormais compte de l’adresse de l’exportateur et non de l’expéditeur (et similairement pour les importations). Cette méthode recoupe les données des déclarations en douane avec les données du registre des entreprises et des établissements (REE) grâce au numéro d’identification des entreprises (IDE). Les données révisées sont donc plus précises.

Neuchâtel est le deuxième canton le plus exportateur de Suisse. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Le canton de Neuchâtel a une balance commerciale excédentaire, avec 22 milliards de CHF d’exportations pour 5 milliards de CHF d’importations (sans les métaux précieux). Cela indique que son tissu industriel est compétitif sur le plan international.
Rappelons que la balance commerciale représente les exportations moins les importations. Rapportée à un ratio par habitant.e, elle est de 95’665 francs dans le canton de Neuchâtel. La moyenne suisse ne dépasse pas les 4500 francs par habitant.e. Le canton participe ainsi largement à l’excédent commercial de la Suisse.

Il n’y a cependant pas de lien direct entre exportations per capita et revenu per capita. Même si les exportations participent à la création de valeur ajoutée locale, il se peut qu’elle soit utilisée pour rémunérer du capital et du travail qui se trouve à l’extérieur du canton.

En comparaison avec la Suisse, nous pouvons dire que Neuchâtel est l’un des cantons les plus ouverts du pays. En effet, selon le calcul suivant :

  • (exportations + importations du canton) / (exportations + importations totales de la Suisse), soit (22 + 5) / 242 + 205) = 0.06, soit 6 %,

il y a trois fois plus d’activité économique internationale que ce que la population neuchâteloise représente, à savoir 2% de la population suisse.
Le revers de cette ouverture est que l’économie cantonale est très sensible à la conjoncture internationale et au taux de change.

Que pensez-vous du niveau de diversification industrielle dans le canton ?

Une intéressante diversification s’est opérée ces dernières années, notamment dans la chimie et la pharma. Celle-ci est à mon avis indispensable pour la vitalité industrielle du canton .

Explications de l’OFS

Nouvelle méthode – Commerce extérieur suisse ventilé par canton

Numéro d’identification des entreprises
Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le Registre des entreprises et des établissements (REE) comprend toutes les entreprises et tous les établissements de droit privé et public établis et générant une activité économique sur le territoire suisse. Le REE recoupe des données de différentes sources et permet ainsi de collecter des informations détaillées sur les entreprises et les établissements, comme par exemple l’adresse et le nombre d’emplois.
Le REE est construit sur un modèle de données développé par l’OFS selon les recommandations d’EUROSTAT. Chaque entreprise, enregistrée au registre du commerce, reçoit un numéro unique d’identification des entreprises (IDE) à neuf chiffres et est appelée « unité légale ». Chaque unité légale principale exploite une entreprise. Celle-ci exerce son activité dans différentes unités locales (ou établissements). Une unité légale principale peut donc comprendre plusieurs établissements sis dans des cantons différents. Une unité légale succursale correspond à une unité locale enregistrée au registre du commerce.
L’OFS utilise l’IDE pour la production de différentes statistiques sur les entreprises. Outre l’OFS, EUROSTAT exige un numéro d’entreprises pour la production de statistiques sur le commerce extérieur par caractéristique d’entreprises. L’IDE constitue donc une base pertinente pour la production d’une statistique cantonale du commerce extérieur.
Les données fournies par chaque entreprise dans la déclaration en douane contiennent le numéro d’identification de l’entreprise. Grâce à ce numéro, il est possible de recouper des données provenant du registre des entreprises et des établissements avec les données douanières.

 

INSCRIVEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER

Suivez les actualités économiques du canton de Neuchâtel !