International et National

Sous l’effet des campagnes de vaccination, qui favorisent une accélération des activités de services, le rebond de l’économie mondiale impressionne. De nombreux indicateurs conjoncturels ont atteint des plus hauts historiques et les perspectives sont régulièrement révisées à la hausse.
La croissance mondiale devrait ainsi s’établir en-dessus de 6% cette année, un record depuis au moins 40 ans. Fait plutôt inhabituel : les pays développés portent ce rebond, les pays émergents ayant peu accès aux vaccins les plus efficaces. Néanmoins, certains signaux suggèrent que la croissance pourrait avoir atteint son sommet, notamment en Chine et aux Etats-Unis, alors que l’Europe devrait annoncer des chiffres tonitruants pour cet été.
Signes de la bonne santé de l’économie mondiale, les exportations suisses ont atteint un pic historique en juin, à 22,4 milliards de francs. Notre pays a fait preuve de flexibilité avec la mise en place rapide du chômage partiel qui a sauvé des dizaines de milliers d’emplois et préservé le pouvoir d’achat. Un véritable boom de la consommation est d’ailleurs à prévoir d’ici à la fin de l’année. Dans ce contexte, le KOF a relevé ses prévisions de croissance du PIB à 4% pour cette année. La Suisse pourrait être l’un des premiers pays à voir son économie revenir au niveau d’avant-crise.
L’élément clé de la reprise se trouve dans le cocktail de dopants fiscaux et monétaires injectés dans l’économie, et particulièrement le changement de paradigme budgétaire des gouvernements. L’austérité appartient au passé. En Europe, les fonds du plan de relance devraient renforcer a croissance de 4,1% d’ici à 2026. Au niveau mondial, ce ne sont pas moins de 14’000 milliards de dollars – vous avez bien lu – qui ont été injectés pour stimuler l’économie.
Ce contexte favorable a propulsé les marchés d’actions à des niveaux record, soutenus de plus par la vigueur du rebond des bénéfices des entreprises. Au-delà des chiffres d’affaires et de la rentabilité, les intentions quant à l’utilisation future des bénéfices s’avèrent réjouissantes. En effet, les analystes anticipent une accélération marquée des dépenses d’investissement, ce qui pourrait annoncer le début d’une nouvelle ère pour la croissance de la productivité et contribuer à alléger les tensions inflationnistes. Par ailleurs, si l’inflation de base a grimpé à 4,5% aux Etats-Unis, un sommet depuis 1991, ce chiffre n’a pas perturbé les marchés. Le reflux des anticipations d’inflation indique que le consensus croit à la nature transitoire des pressions inflationnistes.
A moyen terme cependant, l’accroissement de la consommation et de l’inflation incitera les banques centrales à retirer peu à peu leur soutien et à relever les taux d’intérêt. A court terme, le scénario privilégié est celui d’une poursuite du déconfinement de l’économie mondiale dans les pays à haut taux de vaccination et d’une croissance solide mais plus nuancée.

Canton de Neuchâtel

L’activité économique neuchâteloise se caractérise également par un fort rebond depuis plusieurs mois. La production manufacturière du canton, tirée par des exportations horlogères, soutient cette croissance. Les chiffres publiés par la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) pour le mois de juin 2021 signalent une hausse de 13,4 % de la valeur des exportations par rapport à 2019 (2020 n’étant pas représentatif en raison de la pandémie). Ces très bons chiffres ont été atteints bien que le nombre de pièces vendues soit plus faible qu’il y a deux ans dans le segment des montres à moins de cinq cents francs. L’embellie profite également à l’industrie des machines, de l’électronique et des instruments de précision, sans toutefois que les chiffres à l’exportation de 2019 ne soient déjà retrouvés.

Le baromètre conjoncturel du KOF confirme que les entreprises neuchâteloises ont globalement une perception positive de la situation, renforçant le sentiment qui prévalait au cours des deux précédents trimestres. Les entrées de commandes se situent à un niveau élevé et le taux d’utilisation des capacités de production est similaire à ce qu’il était avant la crise. Notons d’ailleurs qu’il a désormais rattrapé la moyenne nationale.

Au cours du trimestre écoulé, les craintes liées à une pénurie de matière première ont fait leur apparition. Au-delà des menaces qui pèsent sur les chaînes d’approvisionnement et donc sur l’activité économique, les entreprises s’attendent à voir leurs prix de revient augmenter, sans garantie de pouvoir répercuter cette hausse sur les prix de vente. Le phénomène est particulièrement ressenti dans le secteur de la construction.

Le taux de chômage cantonal a poursuivi sa décrue en juin, pour passer brièvement sous la barre des 4 %, avant de s’aligner sur cette marque en juillet. Il est toujours légèrement en-dessus de la moyenne enregistrée en Suisse romande mais avec cette tendance baissière, le canton de Neuchâtel retrouve la situation qui était la sienne avant la pandémie. Sur le plan de la réduction de l’horaire de travail ou RHT, le chemin vers la normalisation se poursuit, le nombre d’entreprises qui en profitent et le nombre de travailleurs touchés s’inscrivant toujours en baisse.

Pour les mois à venir, les entreprises ayant participé à l’enquête du KOF s’attendent à une stabilisation de la marche de leurs affaires, mais à un niveau plutôt élevé. L’économie présentielle profite quant à elle de la réouverture progressive des exploitations qui subissaient encore des mesures de limitation liées à la pandémie. Il paraît de plus en plus probable que les progrès réalisés dans la vaccination et la généralisation du certificat Covid permettront d’atténuer les effets d’une éventuelle nouvelle vague de contamination, restons donc optimistes !

Marie-Laure Chapatte – Banque Cantonale Neuchâteloise

Pour visualiser les données interactives de la conjoncture : ne.ch